mardi 29 décembre 2015

Louis-François-André Gaudefroy, bibliographe éclairé.


Rue Saint-Leu au XIXe siècle, par Chapuy.
Hôtel-Dieu à droite, église Saint-Leu à gauche, cathédrale au fond.
Louis-François-André Gaudefroy est né à Amiens [Somme], le 20 septembre 1758, rue Saint-Leu, et a été baptisé le même jour en l'église Saint-Leu. Ses parents, André Gaudefroy, marchand épicier, et Marie-Geneviève Petit, s'étaient mariés le 26 avril 1755, en l'église Saint-Firmin-le-Confesseur [détruite en 1798].

Il fut reçu libraire à la Chambre syndicale de Paris en 1787.
Sous la Révolution, il fut nommé commissaire littéraire à la Bibliothèque du district de sa ville natale. C'est sous sa direction que fonctionna la Commission formée le 26 floréal an II, pour la recherche, le transport, l'inventaire, le récolement et la conservation des monuments des arts appartenant à la Nation, dans l'étendue du district. C'est en cette qualité qu'il a rédigé les catalogues alphabétiques des livres des bibliothèques de l'abbaye de Saint-Jean d'Amiens, des religieux Dominicains d'Amiens et du marquis de Vérac, émigré, trouvés en son château d'Orival [Somme, détruit].
Les fonctions de la Commission des arts ayant cessé avec la suppression du district, le 10 frimaire an IV, Gaudefroy ouvrit un magasin de librairie à Amiens, rue des Rabuissons [rue de la République], n° 5.395, au premier, près le Département. Il annonçait « que son magasin est des mieux fournis dans toutes les classes bibliographiques, même en ouvrages secrets parus à l'étranger sous Louis XV et Louis XVI, écrits de mains de maîtres, prohibés sous l'ancien régime, présentant un tableau fidèle et exact des anecdotes secrètes les plus piquantes, et la chronique scandaleuse de la cour et de la ville, etc. » Il offrait de ranger dans le meilleur ordre bibliographique les bibliothèques qu'on voudrait bien lui confier et d'en dresser les catalogues.
Dès le début du siècle suivant, n'ayant pas trouvé le succès qu'il espérait, Gaudefroy retourna s'installer à Paris, 32 rue de Grenelle-Saint-Honoré [partie sud de la rue Jean-Jacques-Rousseau, Ier], vis-à-vis la rue des Deux-Écus. Il profita des lumières du bibliothécaire Louis Ripault (1775-1823), qui l'appela quand il fut chargé, en juillet 1800, de constituer à Saint-Cloud une bibliothèque pour le Premier Consul. Il rédigea divers catalogues d'ouvrages dont il opérait la vente aux enchères, entre autres celui de Le Monnier :



Catalogue des livres de la bibliothèque, et notice d'instruments de physique, d'astronomie, etc. provenants [sic] du cabinet de feu L. G. Le Monnier, docteur régent de la Faculté de médecine de Paris, membre de l'Académie des sciences de Paris, et autres, premier médecin de Louis XVI ; […] : le tout disposé et mis en ordre par L. F. A. Gaudefroy. (Paris, Gaudefroy, an XII-1803, in-8, xxij-[1]-[1 bl.]-226-4- p., 2.176 + 21 = 2.197 lots).
Vente en 23 vacations, du lundi 11 nivose-2 janvier au vendredi 6 pluviose-27 janvier an XII-1804, Salle de vente rue des Bons-Enfants, 19 et 36, en face de l'entrée de la cour des Fontaines.

D'une famille originaire de Saint-Sever-Calvados, Louis-Guillaume Le Monnier est né à Paris le 27 juin 1717, de Pierre Le Monnier (1675-1757), professeur de philosophie au Collège d'Harcourt, et de Marie-Louise Gaillard (1685-1757).
Physicien et botaniste, il fut placé dès 1739 à Saint-Germain-en-Laye, comme médecin de l'hôpital. Membre de l'Académie des sciences, comme son père et son frère, en 1743, il fit l'herborisation de la forêt de Fontainebleau en 1745, avec Linné et Antoine et Bernard de Jussieu. En 1755, il fut nommé professeur au Jardin des plantes. En 1771, Louis XV lui donna les fonctions et les honneurs de la place de premier médecin du Roi, dont il ne prit le titre que sous Louis XVI, en 1788.
Le 2 octobre 1773, il épousa, à Versailles, Marie-Ursule Durant Demonville (1727-1793), première femme de chambre de Madame Victoire de France et veuve de Jean-André Martin (1725-1762), commissaire de guerres. Remarié le 26 pluviose an VI [14 février 1798], à Versailles, avec une de ses nièces, Renée-Michelle Le Monnier (1769-1820), fille de l'astronome Pierre-Charles Le Monnier (1715-1799), il mourut à Versailles, en son domicile du 18 rue Michel Montaigne, le 21 fructidor an VII [7 septembre 1799].

« Après avoir rendu le compte que j'ai cru nécessaire de la rédaction de notre Catalogue, il ne me reste plus qu'à entretenir un instant les Amateurs des articles importants qu'il présente : ils en trouveront d'excellents dans toutes les classes.
L'Histoire Naturelle en fournit un grand nombre dans toutes ses parties, principalement dans la Botanique, étude chérie et adoptive de la vie paisible de M. Le Monnier : on y verra d'abord presque tous les ouvrages de Linné, parmi lesquels on pourra distinguer un exemplaire précieux du Species Plantarum avec notes et additions manuscrites, l'Histoire de la Jamaïque de Browne, Gessner historia naturalis, le bel exemplaire du comte d'Hoym de l'Aldrovande, la majeure partie des figures enluminées des Oiseaux de Buffon, Oiseaux et Glanures d'histoire naturelle d'Edwards, fig. coloriées, Morison Plantarum historia, un très bel exemplaire de l'Hortus Malabaricus, Desfontaines Flora Atlantica, pap. vélin, Recueil des Plantes de Robert, Bosse et Chastillon, deux recueils très précieux de Fleurs, Plantes, Arbres et Arbustes dessinés et peints à la Chine. On en ajoutera de plus un troisième, qui sera exposé sous le n° 421 bis. Il avoit été réservé par la veuve comme le plus fini dans ce genre, du pinceau et des couleurs les plus agréables, moins volumineux à la vérité que les deux précédents, ne contenant que 135 dessins d'Oiseaux et 6 de Dorades supérieurement exécutés à la Chine : cette estimable dame vient de s'en détacher en reconnoissance des soins que j'ai donnés à son Catalogue, raison pour laquelle il n'a pu y être compris et annoncé.
On y trouvera encore les descriptions de divers jardins célèbres, données par les Trew, Commelin, Dillenius, Aïton, et autres illustres Botanistes ; les éditions originales et très rares du Phytobazanos et de l'Ekphrasis, l'Héritier Stirpes novæ ; un magnifique exemplaire de Schœffer Fungi circa Ratisbonam, etc. ; l'édition rarissime de 1741 du Dillenius historia Muscorum, Plukenet opera botanica, Kempfer Amoenitates exoticæ, Commentarii de rebus in Scientiá naturali et Mediciná, 34 vol. in-8° ; ce recueil, imprimé à Leipsick, très intéressant, et rarement aussi complet, fut porté à la vente du médecin Baron, où il ne se trouvoit alors qu'en 28 volumes, à 160 liv.
La Médecine, l'Anatomie, la Chirurgie, la Chimie et l'Alchimie, contenant une collection aussi importante qu'immense d'ouvrages estimés, curieux et piquants, je n'en extrairai ici aucun, renvoyant les Amateurs instruits, qui voudront en prendre connoissance, aux divisions où ils sont détaillés : je puis leur assurer d'avance que, depuis les Ventes Baron et Petit, ils n'auront trouvé une réunion aussi complete de bons livres sur ces parties de sciences si utiles à l'humanité souffrante.
Les Mathématiques et l'Astronomie offrent aussi d'excellents ouvrages.
Les autres subdivisions de cette classe présentent encore la grande Galerie de Versailles, et la Description des Arts et Métiers, presque complete.
Quoique les Belles-Lettres aient été la partie la plus négligée de la Bibliotheque de notre célèbre Médecin, parmi les Dictionnaires qu'il y a placés, on y remarquera un exemplaire pur du Lexicon, grec et latin, de Constantin ; et dans les Poëtes, un exemplaire de présent du Racine de Luneau de Boisjermain, en pap. de Hollande, relié en mar., etc.
L'Histoire, et sur-tout la partie des Voyages qui a une connexité plus intime avec la Botanique, passion favorite, comme on l'a vu plus haut, de notre savant Naturaliste, présentera une plus abondante moisson aux Amateurs : ils distingueront d'abord, dans la Géographie, un bon exemplaire du Strabon, grec et latin, de 1707, le Neptune oriental de d'Après de Mannevillette, un très bel exemplaire du Cours du Danube, etc. ; dans les Voyages, un exemplaire de souscription de la traduction des 3 Voyages de Cook, presque tous les Voyages savants, ceux de Tournefort, Niébuhr, Chardin, Sonnerat, et autres célèbres Voyageurs ; ceux de Richard Pococke, 3 vol. in-fol., en anglois, de Bruce, 5 vol. in-4° idem, un superbe exemplaire du Voyage à Madere, aux Barbades et à la Jamaïque, de Hans Sloane, 2 vol. in-fol. mar. r., aussi en anglois, etc.
L'Histoire ancienne offre également les bons écrivains traduits, ou originaux. Les Antiquités et l'Histoire Littéraire présentent de même des articles, qui eussent été très importants si la perte de la fortune de leur propriétaire ne l'eût empêché de s'en procurer les suites : parmi ces articles intéressants on distinguera les premiers volumes des Antiquités Etrusques d'Hamilton, des Peintures d'Herculanum, 131 vol. des Mémoires de l'Académie des Sciences, 35 vol. de l'Académie de Pétersbourg, et autres parties de diverses Académies, etc.
Enfin on trouvera dans l'Addition nombre de bons ouvrages qui méritoient pareillement leur place dans le présent Catalogue. Les livres en nombre et en blanc, qui le terminent, étant d'un Astronome qui a joui d'une grande célébrité, M. Le Monnier, frere du médecin, pourront présenter encore de l'intérêt aux libraires qui en fonds des articles de Sciences exactes, et qui font des échanges avec l'étranger.
Les Instruments de Physique, Mathématiques, Astronomie et autres, satisferont les curieux, plusieurs étant très précieux et d'une correction achevée. » [sic] (p. x-xiij)
Gaudefroy fut nommé en 1810 inspecteur de la librairie et de l'imprimerie à la résidence de Paris. Il demeurait alors 30, rue Saint-Thomas-du-Louvre [Ier, disparue en 1850]. Quand cette place fut supprimée en 1815, Gaudefroy reprit la confection des catalogues, d'abord à Paris, puis à Bruxelles, de 1816 à 1823, où il prit part à la rédaction de la Revue bibliographique des Pays-Bas, fondée en 1822 par P. J. De Mat (+ 1828), libraire et imprimeur sur la Grand' Place.


Catalogue raisonné de la bibliothèque de feu C. L. Van Bavière, ancien professeur d'histoire à l'École centrale du département du Nord, secrétaire de l'Académie et de la Faculté de droit de Bruxelles : rédigé et mis en ordre par L. F. A. Gaudefroy, ancien libraire de Paris. Tome premier. (Bruxelles, P. J. De Mat, 1816, in-8, xxiv-[4]-433-[2]-[1 bl.] p., 5.460 lots).
Vente en 22 vacations, du mardi 12 novembre au vendredi 6 décembre 1816. Salles basses de l'ancienne Cour, qui sont sous le Musée.

Charles-Louis Van Bavière est né le 18 octobre 1765 à Cassel [Nord], de Robert-Jean Van Bavière et de Marie-Ernestine-Claire Lombart.
Licencié en droit de l'Université de Douai, il préféra toutefois les travaux d'érudition et les recherches historiques et littéraires. Il fut bientôt appelé à Lille comme professeur d'histoire à l'École centrale du département du Nord, puis à Bruxelles comme secrétaire de l'Académie et secrétaire général de la Faculté de droit. Il profitait du temps des vacances pour visiter les villes les plus commerçantes en librairie, tant de la Hollande que de la France et de l'Allemagne : Amsterdam, Leyde, Paris, Francfort, Leipsick, etc. Ses nombreuses et riches collections étaient distribuées dans huit pièces. Alors qu'il voulait se retirer en France, il mourut à Bruxelles, presque subitement, le 16 mars 1815.

Depuis Carlos-Antonio de La Serna Santander (1752-1813), il ne s'était point formé en Belgique de bibliothèque particulière aussi riche que celle de Van Bavière.

« J'ai connu dans mon enfance cet excellent Van Bavière, qui était bien le plus paresseux de tous les suppôts de l'académie de Bruxelles, après son recteur, bien entendu. Les inscriptions, les examens, l'expédition des diplômes l'ennuyaient à la mort ; il ne prenait plaisir qu'aux bons dîners et aux ventes de livres. Là il recherchait de préférence les paquets de hasard, qu'on obtient pour quelques sous. Il comptait, en effet, sur la fortune, et avec sa méthode de dépecer des volumes pour en extraire les pages qui se rapportaient à certaines [sic] sujets favoris, il trouvait toujours dans le plus affreux fatras, de quoi se satisfaire. » (Frédéric de Reiffenberg. « Des marques et devises mises à leurs livres par un grand nombre d'amateurs. » In Le Bibliophile belge. Bruxelles, A. Van Dale, 1845 [i.e. 1844], t. I, p. 172)

Pour détailler le contenu de 80 caisses dans lesquelles se trouvaient toutes les collections, Gaudefroy fut aidé, pendant les cinq premiers mois, par Pierre-François De Goesin-Verhaeghe, imprimeur, rue Hautport, à Gand.

« D'après un simple apperçu de la main du propriétaire, nous voyons que sa bibliothèque est composée de 40,000 articles au moins : nous ferons nos efforts pour en présenter au Public le choix dans un Catalogue raisonné, que nous réduirons, si faire se peut, à 4 Volumes in-8° d'environ 500 pages chacun. » [sic] (p. xij)

Outre le tome 1er, consacré aux ouvrages de Théologie, le catalogue devait comprendre un tome 2 [Sciences et Arts, Codes religieux et Histoire des religions et des superstitions, Histoire de la Belgique, de la Hollande, de la France et des pays du Nord de l'Europe], un tome 3 [Géographie et Voyages, Chronologie, Histoire universelle et ancienne, Histoire des autres pays de l'Europe, Histoire de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique, Histoire héraldique et Antiquités, Histoire littéraire et Biographie], un tome 4 [Belles-Lettres] et un tome 5 [Subdivisions des Belles-Lettres, Histoire littéraire et bibliographique].
Gaudefroy n'a mis en ordre que la première partie du tome 2, qui fut imprimée, en son absence, sur très mauvais papier, ainsi que les suivants publiés de 1817 à 1820. Les dix ou onze ventes successives réussirent mal. De surcroit, les créanciers opérèrent une saisie judiciaire sur les débris de la bibliothèque : Catalogue des livres saisis de Ch. Van Bavière (Bruxelles, 1818, in-8).
Van Bavière utilisait un ex-libris typographié [50 x 45 mm.], avec une couronne d'olivier, gravée sur bois : au centre, « EX BIBLIOTHECA C. VAN BAVIÈRE, FACULT. JURIS ACAD. BRUXELL. A SECRETIS » ; au bas, « FRANC et LOYAL ».


Description bibliographique d'une très-belle collection de livres rares et curieux, provenant de la bibliothèque de Melle la comtesse d'Yve, rédigée par feu M. D. L. S. [De La Serna] ; revue et achevée par L. F. A. Gaudefroy, ancien libraire de Paris. Tome premier. (Bruxelles, Aug. Wahlen et Compe, 1819, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-[2]-xix-[1 bl.]-338-[1]-[1 bl.] p., 2.915 lots).
Vente en 15 vacations, du lundi 4 au mercredi 20 octobre 1819, en son hôtel, 29 rue de Louvain.

Auguste Wahlen (Bruxelles, 1785-Paris, 1849), imprimeur-libraire de 1817 à 1830, rue de l'Evêque, à Bruxelles, fut le régénérateur de l'imprimerie en Belgique. Son nom fut utilisé comme pseudonyme par Jean-François-Nicolas Loumyer (1801-1875).
Anne-Thérèse-Philippine d'Yve (Bruxelles, 28 juillet 1738-25 mars 1814), fille de Gaspard-Henri-René d'Yve (-1749), comte de Ruysbroeck, et de Anne-Philippine-Antoinette Van der Noot (1715-), s'était d'abord vouée à la politique et fut une des héroïnes de la révolution brabançonne de 1789. Elle est morte sans alliance. Sa bibliothèque passait pour l'une des plus riches de l'Europe. 


Son ex-libris portait ses armes, « Palé de gueules et de vair ».

« Sous le n° 6 la Bible de Mayence, sans date (vers 1455), dans sa première reliure, dont les catalogues des plus beaux cabinets, publiés depuis 60 ans, n'ont offert que 3 exemplaires sur papier.
Sous le n° 7, la première Bible avec date fixe, celle de 1462, aussi imprimée à Mayence par Fust et Schoiffer. L'exemplaire de M. Crevenna, coupé en 4 vol. et relié en maroquin, conséquemment en seconde reliure, fut porté à sa vente, en 1790, à 1460 flor. Notre exemplaire est en 2 voL, dans sa première reliure en bois. […].
On trouvera dans la JURISPRUDENCE, sous le n° 555, la Bulle du Pape Pie II contre les Turcs, imprimée à Mayence, en 1460, par P. Schoiffer ; […].
On remarquera d'abord dans les SCIENCES ET ARTS, la première édition de l'Encyclopédie, en 35 vol. in-fol., sous le n° 1167 ; à l'HISTOIRE NATURELLE, celle de Buffon et Daubenton, édition de l'impr. royale, 37 vol. in-4, sous le n° 1813 ; l'Aldrovande, édition de Bologne, 1599, 13 vol. in-fol. sous le n° 1820 ; […].
Quoique les BELLES-LETTRES paraissent avoir été la partie la plus négligée de cette Bibliothèque, on y rencontrera encore d'excellens ouvrages : d'abord sous le n° 2409, Le Glossaire de Ducange, avec le Supplément de Carpentier, 10 vol. in-fol., et quelques autres articles très-rares qui se trouvent décrits depuis le n° 2516, jusqu'au n° 2530 ; […].
Reste à parler de la rédaction du catalogue : je l'ai trouvé tout fait, et je n'en ai même eu connaissance qu'entre les mains de l'imprimeur, quand il en avait déjà fait composer 4 feuilles, par son invitation, à l'effet d'en coordonnancer les divisions et d'en corriger les épreuves. » (p. i-v)

Description bibliographique d'une très-belle collection de livres rares et curieux, provenant de la bibliothèque de Melle la comtesse d'Yve ; rédigée et mise en ordre par L. F. A. Gaudefroy, bibliographe. Tome second. (Bruxelles, Aug. Wahlen et Compe, 1820, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-[6]-xvij-[1 bl.]-561-[1 bl.] p., 3.906 [numérotés 2.916-6.821] lots).
Vente en 19 vacations, du lundi 9 au lundi 30 octobre 1820, en son hôtel, 29 rue de Louvain.

« quoique ce volume n'offre pas au premier abord, comme notre précédent, des articles de la première rareté, […] qui se trouvaient principalement dans la THÉOLOGIE, on verra, dans ce tome 2, après plusieurs articles des premières éditions de l'HISTOIRE UNIVERSELLE, ou CHRONIQUES, […], une version latine de Flavius Josephus : Argentinæ, typis Mentellianis (circà 1472). Cette édition est aussi rare que celles qui viennent d'être citées, quoiqu'elle soit inférieure en prix. » (p. i-ij)

Gaudefroy a revu la 3e édition du Manuel du libraire et de l'amateur de livres (Paris, chez l'auteur, 1820, 4 vol. in-8), par Jacques-Charles Brunet (1780-1867), contrefaite par l’imprimeur-libraire bruxellois H. Remy, rue de l'Empereur, en 1821 : 


Manuel du libraire et de l'amateur de livres (Bruxelles, P. J. De Mat et H. Remy, 1821, 4 vol. in-8). Le premier volume a paru en janvier, les trois autres ont suivi régulièrement de deux en deux mois. Informé que cette édition avait rectifié un grand nombre de numéros de renvoi fautifs, l'imprimeur-libraire P. J. De Mat traita avec son confrère du restant de l’édition, un mois après la mise en vente du dernier volume :
Dans cette édition de Bruxelles, les signatures sont placées de huit pages en huit pages et en chiffres, au lieu d’être en lettres et de seize pages en seize pages.
Le tome I de l’édition de Paris finit à la page 616. Celui de l’édition de Bruxelles a sa pagination continuée jusqu’à 620 : les deux derniers feuillets contenant les additions du même volume qui sont placés, avec celles des tomes II et III de l’édition de Paris.
Le tome II de l’édition de Paris est terminé à la page 608. L’édition de Bruxelles a 610 pages, deux pages de plus pour les additions de ce volume.
Le tome III de l’édition de Paris, ayant à la fin toutes les corrections et additions de ses trois volumes, a 644 pages, tandis que le même volume de l’édition de Bruxelles a 638 pages. Les corrections de l’édition de Paris, ayant été rectifiées à leur place dans l’édition de Bruxelles, ne se trouvent conséquemment pas à la fin de chacun des volumes de cette édition.
Au tome IV, édition de Paris, la page vij des pièces préliminaires se termine par une table de 13 lignes dont la dernière est : « Classiques italiens, imprimés à Milan … 588 ». Dans l’édition de Bruxelles, après cette même ligne, on a ajouté un « AVIS ESSENTIEL. », contenu en 14 lignes, qui indique sommairement une partie des corrections faites dans les trois précédents volumes ; plus, la manière qu’on a été obligé d’employer dans ce volume pour rectifier les erreurs des chiffres de renvoi du tome I ; c’est-à-dire qu’on a placé, entre deux crochets, le vrai chiffre de renvoi, après celui de la série qui se trouve être fautif dans l’édition de Paris. Le tome IV dans les deux éditions finit à la page 589 : dans celle de Paris, au verso, est une correction pour la « Page 9, n° 339 », qui a été faite à sa place dans l’édition de Bruxelles ; cette dernière a, sur le verso de la page 589, une « ADDITION AU TOME QUATRIEME. », composée seulement de trois lignes dans la première colonne et de quatre dans la seconde ; plus, un « ERRATA. » aussi de quatre lignes ; enfin il a été ajouté dans cette dernière édition des « NOUVELLES ADDITIONS AU TOME PREMIER. », sur les traductions françaises de deux ouvrages d’Aristote, données par Oresme, et imprimées chez Antoine Vérard, en 1488 et 1489, signées « L.-F.-A. GAUDEFROY, bibliographe. »

« En s’emparant ainsi de ma propriété, ces messieurs ont usé d’un droit que je ne puis légalement leur contester hors de France ; mais en même temps ils ont fait une chose qui n’est loyale nulle part : c’est d’avoir mis en circulation une partie des exemplaires de leur contrefaçon avec des titres portant l’indication de Paris et mon adresse, et d’avoir donné ainsi à certains libraires anglais qui me sont bien connus, le moyen de les vendre pour l’édition originale. Or, comme je ne veux répondre que de mes propres fautes, je désavoue entièrement cette édition de Bruxelles, qui se distingue de la mienne au premier coup d’œil […] » (J.-C. Brunet. Nouvelles recherches bibliographiques. Paris, Silvestre, 1834, t. I, p. xj)


Le dernier travail de Gaudefroy en Belgique fut le Catalogue de la bibliothèque d'un amateur, […]. Tome premier. [Tome second.] (Bruxelles, P. J. De Mat, 1823, 2 vol. in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-iv-lxxxviij-20-318 et [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-490 [chiffrées 319-808] p., 2.834 et 4.084 [numérotés 2.835-6.918] lots). Avec une « Table alphabétique des noms des auteurs, et titres des ouvrages anonymes. »
L'amateur est P. J. De Mat. 



La vente n'eut lieu qu'en 1841, en 19 vacations, du jeudi 5 au mercredi 26 mai, 24 rue de Batterie : Catalogue des livres anciens et modernes composant la collection connue depuis 1823 sous la dénomination de : Bibliothèque d'un amateur belge, collection délaissée par feu P.-J. De Mat, ancien libraire, à Bruxelles, décédé le 24 février 1828 (Bruxelles, Imprimerie de Jean De Mat, 1841, in-8, VIII-361-[1 bl.] p., 6.084 + 403 = 6.487 lots).

« Après les collections de MM. Van Hulthem et Lammens, le catalogue que nous présentons aujourd'hui au public est un des plus complets qui aient été exposés en vente publique dans notre royaume. […]
Cette collection, fruit de 30 années de recherches et de la fréquentation des plus belles ventes faites en Belgique depuis 1805 jusqu'à nos jours, a été enrichie successivement par son fondateur, feu P.-J. De Mat, d'une foule d'excellentes éditions ; on retrouve dans la partie des Belles-Lettres beaucoup de ces ouvrages si purs de texte, édités par les Elzevir, les Plantin, les Alde, les Wettstein, les Verdussen, les Baskerville et autres imprimeurs célèbres, dont les chefs-d'œuvre deviennent plus rares de jour en jour. » (p. I)

41, quai des Grands-Augustins
Revenu de nouveau à Paris en 1824, il s'installa dans un immeuble construit en 1680, 41 quai des Augustins [quai des Grands-Augustins, VIe], y vendit des livres et y dressa des catalogues.

Catalogue des livres composant la bibliothèque de feu M. le chevalier Delambre (Paris, L. F. A. Gaudefroy et Bachelier, 1824, in-8, [1]-[1 bl.]-[1]-[1 bl.]-xiv-[2]-100 p., 1.554 + 9 = 1.563 lots).
Vente en 15 vacations, du lundi 10 au mercredi 26 mai 1824, en sa maison du 10 rue du Dragon [VIe].

Fils aîné de Jean-Nicolas-Joseph Delambre (1718-1800), drapier rue de la Viéserie [rue Delambre], et d'Élisabeth Devismes, Jean-Baptiste-Joseph Delambre est né à Amiens [Somme], le 19 septembre 1749. Il a été baptisé le même jour en l'église de Saint-Firmin-en-Castillon [détruite en 1806].
Il eut dans le collège de cette ville le poète Jacques Delille (1738-1813) pour professeur. Il devint ensuite l'élève de Jérôme Lefrançois de Lalande (1732-1807) dont il fut le collaborateur et l'ami. Précepteur des enfants de Jean-Claude Geoffroy d'Assy (1729-1794), receveur général des Finances, qui mit à sa disposition un petit observatoire [détruit vers 1912] sur le toit de son propre hôtel, rue de Paradis [58 bis rue des Francs-Bourgeois, IIIe, dépendance des Archives nationales], Delambre y dressa ses tables astronomiques, qui lui ouvrirent les portes de l'Académie des sciences dès 1792. Dans la même année 1792, il fut chargé avec Pierre Méchain (1744-1804) de mesurer un arc du méridien depuis Dunkerque jusqu'à Barcelone, et il est généralement considéré comme ayant fixé la base du système métrique. Entré au Bureau des Longitudes à sa création en 1795, il fut nommé en 1802 un des trois inspecteurs généraux des études. En 1804, il épousa sa compagne de longue date, Élisabeth-Aglaé Sinfray, veuve d'Achille Leblanc de Pommard, ancien prévôt général de la maréchaussée de Touraine. Élu par la classe des sciences de l'Institut secrétaire perpétuel en 1805, il fut appelé au Collège de France en 1807 pour remplacer Lalande dont il prononça l'éloge. Son rapport sur les progrès des sciences mathématiques, de 1789 à 1807, jouit d'une estime méritée, et son grand ouvrage sur l'histoire de l'astronomie, est un livre classique. Delambre mourut à Paris, le 19 août 1822, et fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise [10e div.]. Sa veuve, née à Paris le 5 août 1761, décéda le 28 septembre 1833 et fut inhumée au chevet de l'église de Bréauté [Seine-Maritime].

« Chargé, en 1815, de faire le Catalogue de la Bibliothèque de l'illustre Lagrange, je fus obligé d'en abandonner bientôt la rédaction pour me livrer à d'autres travaux bibliographiques beaucoup plus considérables, qui m'ont retenu à Bruxelles pendant huit ans. Maintenant que je viens reprendre à Paris les occupations auxquelles je m'étais livré pendant 30 années, je me trouve très flatté d'avoir été choisi pour rédiger le Catalogue de la Bibliothèque de mon savant Compatriote qui m'a honoré de son amitié, et qui fut mon premier protecteur. […]
Riche d'ouvrages du premier ordre, mais modeste dans ses apparences, j'ai contribué depuis 1781 à l'augmenter, en procurant à M. Delambre les livres relatifs aux divers genres d'études qu'il embrassait. Aussi la collection que nous allons offrir, beaucoup plus complète, en livres de Mathématiques et d'Astronomie, que ne l'était celle de son collègue De Lalande, et qu'aucune des bibliothèques de ce genre qui les précédèrent, pourra devenir un Répertoire classique pour les Amateurs de la Science » (p. xii)

Gaudefroy a coopéré à la rédaction du catalogue d'Antoine Boulard, pour les tomes I, II et IV.

Catalogue des livres de la bibliothèque de feu Mr. A. M. H. Boulard, notaire honoraire à Paris, […]. Première partie, contenant la théologie, la jurisprudence et les sciences et arts ; rédigée par L. F. Gaudefroy et J. A. Bleuet, anciens libraires. (Paris, L. F. A. Gaudefroy et J. A. Bleuet, 1828, in-8, xxxij-507-[1 bl.]-[4] p., 5.146 lots).
Vente en 60 vacations, du lundi 19 mai au samedi 26 juillet 1828, en sa demeure, 21 rue des Petits-Augustins [rue Bonaparte, VIe].

Catalogue des livres de la bibliothèque de feu Mr. A. M. H. Boulard, notaire honoraire à Paris, […]. Tome II, comprenant les belles-lettres ; rédigé par L. F. A. Gaudefroy, libraire. (Paris, L. F. A. Gaudefroy, 1829, in-8, xvi-287-[1 bl.] p., 4.205 lots).
Vente en 42 vacations, du lundi 18 mai au lundi 6 juillet 1829.

Catalogue des livres de la bibliothèque de feu Mr. A. M. H. Boulard […] comprenant un supplément aux trois premiers volumes, une collection d'ouvrages relatifs à la Révolution française, et les manuscrits (Paris, L. F. A. Gaudefroy, 1833, in-8, 172 p., 1.899 lots).
Vente du 3 au 25 juin 1833.

Fils de notaire, Antoine-Marie-Henri Boulard est né à Paris, le 5 septembre 1754. En 1782, son père lui céda son étude de la rue Saint-André-des-Arts [VIe] et il épousa Marie Chrestien des Ruflais (1765-1858). Passionné par la littérature et les langues étrangères, il forma une bibliothèque dès les premières années de la Révolution, qui devint la plus nombreuse de Paris, après celle du Roi. Nommé maire du XIe [VIe], arrondissement de Paris en 1800, député du département de la Seine en 1803, il 

21, rue Bonaparte
fit l'acquisition de l'immeuble du 21 rue des Petits-Augustins [rue Bonaparte], à l'angle de la rue des Marais [rue Visconti], en 1804 et remit sa charge à l'aîné de ses fils en 1808.
Il faisait chaque jour des acquisitions, sur les quais ou à la salle Silvestre. Il mourut d'une pleurésie le 8 mai 1825, et fut inhumé au cimetière du Père-Lachaise. Il laissa une bibliothèque d'environ 500.000 volumes, entassés dans plusieurs maisons. La plus grande partie, particulièrement riche en ouvrages de la période révolutionnaire et en ouvrages de littérature anglaise et allemande, fut vendue en sa demeure et forma 5 catalogues, rédigés par Gaudefroy, Jean-Antoine Bleuet (v. 1750-v. 1828), André-Thomas Barbier, neveu du bibliographe, et Jean-Pierre Parison (1771-1855) pour les manuscrits.

Dans le Feuilleton du Journal de la Librairie du 28 avril 1838, l'éditeur de Jacques-Charles Brunet, Louis-Catherine Silvestre (1792-1867), libraire rue des Bons-Enfants [Ier], fit paraître un « Avis aux bibliophiles et aux libraires de tous les pays » :

« Il vient de paraître à Bruxelles, une nouvelle contrefaçon du Manuel du Libraire et de l’Amateur de livres de M. Brunet, et des Nouvelles Recherches du même bibliographe, le tout, à ce que porte le titre, rédigé et mis en ordre (lisez désordre) par une société de bibliophiles belges [Bruxelles, 4e éd., Société belge de librairie, Hauman et Compe., Meline, Cans et Compe., 1838-1845, 5 vol. in-8, dont 1 vol. de « Table méthodique » complétée et mise en ordre par le Bibliophile Jacob]. Or, le travail de cette société anonyme, ou plutôt du plagiaire qui s’est caché sous un nom collectif, s’est réduit à intercaler, tant bien que mal, les articles des Nouvelles recherches dans le Dictionnaire formant la première partie du Manuel, en conservant du reste, sans autre changement que quelques coupures assez maladroites, le texte de l’édition de 1820. […] Encore si quelque intelligence avait présidé à cette déplorable opération […] nous nous serions contentés de gémir de ce nouvel attentat porté à la propriété litéraire [sic] et de prendre des mesures pour en atténuer l’effet […]. Mais dans l’état de mutilation et d’absurdité où l’on a réduit le grand travail de M. Brunet, nous devons hautement protester, au nom de l’auteur et de tous ceux qui apprécient l’utilité de son ouvrage, contre un abus aussi intolérable, et signaler aux pays étrangers comme à la France ce nouveau forfait de la piraterie belge. »


À Bruxelles en effet, le baron Frédéric de Reiffenberg (1795-1850) s’était chargé de revoir et de compléter le Manuel et son supplément dans la contrefaçon du libraire Louis Hauman (1810-1872), sur les instances d’un littérateur distingué, ami de Brunet, qui lui avait affirmé que cette entreprise était désirée par l’auteur. Mais averti par Joseph-Marie Quérard (1796-1865) qu’au contraire Brunet la désavouait, il rompit les engagements qui pouvaient porter atteinte à une propriété littéraire sacrée, et écrivit, le 20 octobre 1836, à Quérard : « j’aime mieux payer au libraire avec qui j’avais traité, des dommages et intérêts assez considérables que de faire quelque chose de désagréable à un homme pour qui j’ai une grande estime. » Hauman mit alors, sur le titre de son édition, qu’elle était rédigée par une Société de bibliophiles belges : cette société belge se réduisait en réalité à un ancien libraire parisien, Gaudefroy, qui envoyait ses notes à Hauman.

Louis-François-André Gaudefroy mourut à Paris, le 25 mars 1839. Il avait formé une collection de 825 catalogues de bibliothèques ou notices de ventes de livres faites à Paris de 1784 à 1831, avec les prix et les noms des acquéreurs, qui fut dispersée en vente publique en 1839.














































1 commentaire:

  1. Et vous combien de catalogues et de notices dispersera-t-on après votre mort qu'on vous souhaite la plus lointaine possible ?
    combien de tomes encore à ajouter aux "gardiens de Bibliopolis?

    Patrick C.

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