vendredi 21 juin 2013

Un palais pour les livres du prince Roland Bonaparte

La doyenne des sociétés de géographie fut fondée à Paris en 1821, à l’initiative de l’orientaliste Louis-Mathieu Langlès (1763-1824), bibliothécaire à la Bibliothèque royale.

184, boulevard Saint-Germain - Paris (VI)
Les sept autres principaux membres fondateurs furent recrutés parmi les membres de l’Institut : le géographe Jean-Denis Barbié du Bocage (1760-1825),  le géographe Conrad Malte-Brun (1775-1826), l’archéologue Jean-Antoine Letronne (1787-1848), le contre-amiral Paul-Édouard de Rossel (1765-1829), le naturaliste Charles-Athanase Walckenaer (1771-1852), le mathématicien Joseph Fourier (1768-1830), qui avait participé à l’expédition d'Égypte, et le géographe et archéologue Edme-François Jomard (1777-1862), le principal artisan de la publication de la Description de l’Égypte, monumental ouvrage de 23 volumes publiés de 1809 à 1828. Cette Société fut présidée de 1910 à 1924 par le prince Roland Bonaparte (Paris, 19 mai 1858-14 avril 1924).




Le prince était le fils d’un aventurier lettré, Pierre Bonaparte (1815-1881), assassin de Victor Noir (1848-1870), journaliste au quotidien La Marseillaise, et de Éléonore-Justine Ruffin (1831-1905). Son grand-père paternel était Lucien Bonaparte (1775-1840), frère de l’empereur Napoléon Ier. Il épousa en 1880 Marie-Félix Blanc (1859-1882), fille du richissime fondateur de la Société des Bains de mer de Monaco et du casino de Monte-Carlo, morte après avoir donné naissance à Marie Bonaparte (1882-1962), future princesse de Grèce et célèbre psychanalyste, maîtresse du ministre Aristide Briand et disciple de Sigmund Freud.

Veuf, le prince vécut alors avec sa mère et se consacra à ses travaux et à ses collections scientifiques. En 1885, il déménagea de Saint-Cloud à Paris, 22 cours de la Reine. Il quitta l’armée d’active pour la réserve, avant d’être rayé des cadres en tant que membre d’une famille ayant régné sur la France, conformément à la loi du 22 juin 1886. Ses moyens financiers et ses relations influentes contribuèrent à l’accroissement de nombreuses sociétés savantes dont il fut membre et président. Il s’intéressa d’abord à l’anthropologie et à la géographie. Il entreprit la réalisation de collections photographiques anthropologiques et devint en 1884 membre de la Société d’anthropologie, fondée en 1859, et membre de la Société de géographie. La plupart de ses albums, qui portent les noms des  groupes ethniques photographiés, furent réalisés au cours d’expositions ethnographiques à Amsterdam (Exposition coloniale de 1883), à Paris (Exposition universelle de 1889), à Londres et à Berlin (1884). Le prince effectua néanmoins quelques voyages d’étude, en Amérique du Nord (1888 et 1893), en Europe de l’Est, en Norvège (1884) et en Corse (1887). Chaque photographie porte la mention « Collection du Prince Roland Bonaparte » et un timbre sec représentant l’aigle impérial.

Dans les années 1890, il se tourna vers la géologie et la botanique. Il étudia le mouvement des glaciers alpins, et participa à la création de nombreux postes d’observation dans les Alpes et les Pyrénées pour leur étude. Il fut de ceux qui financèrent en 1891 la construction de l’éphémère observatoire météorologique du Mont-Blanc et fournit des fonds à la station zoologique de Banyuls-sur-Mer, qui avait été fondée en 1881. Membre en 1900 de la Société française de photographie, fondée en 1854,  il en fut le président de 1919 à 1922.
En 1905, il commandita une expédition envoyée en Équateur pour mesurer l’arc méridien de Quito. Il devint membre de l’Académie des sciences en 1907, et en fut le président en 1919. En 1908, il fut élu président du Club alpin français, fondé en 1874.

Puis il se tourna vers la botanique, avec le projet de constituer un herbier général, spécialisé sur les fougères. Il voyagea, passa commande à de nombreux correspondants en voyage ou en mission et acheta des herbiers, dont celui en 960 cartons du journaliste Georges Rouy (1851-1924), ancien vice-président de la Société botanique de France. Ce dernier était l’auteur, avec Julien Foucaut (1847-1904), directeur du jardin botanique de la Marine, à Rochefort, d’une Flore de France (Société des sciences naturelles de la Charente-Inférieure, 1893-1913, 14 vol. in-8).


Le prince laissa à sa mort un herbier de 2.500.000 échantillons concernant près de 100.000 espèces, soit plus du tiers de la flore mondiale. La Faculté des sciences de Lyon en hérita, et cet herbier est aujourd’hui à l’Université Claude-Bernard, Lyon 1 : 8.800 cartons de planches, du mobilier de rangement et une bibliothèque qui étaient arrivés par un convoi de vingt wagons. L’herbier Bonaparte est le deuxième de France après celui du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, et le septième dans le monde. 


L’herbier avait occupé à lui seul plusieurs pièces et une dizaine d’employés dans l’imposant hôtel particulier du 10 avenue d’Iéna (XVIe), que le prince avait fait construire entre cette avenue, ouverte en 1858, et la rue Fresnel, ouverte en 1877, grâce à la fortune héritée de sa femme.


Il fut édifié sur cinq niveaux, de 1892 à 1895 (permis de construire du 30 juin 1891), par l’architecte Ernest Janty (1837-1913), élève d’Hector Lefuel (1810-1881), l’architecte du Louvre et des Tuileries



L’hôtel n’avait pas de jardin.


Au premier étage, en façade sur la rue Fresnel, la bibliothèque était formée de quatre pièces en enfilade disposées autour d’une cour carrée intérieure, de 24 mètres de côté, située au-dessus des communs. Par le grand escalier d’honneur, on entrait dans celle qui était éclairée par quatre grandes croisées prenant jour sur la cour intérieure. Les trois autres pièces étaient éclairées par des verrières zénithales. Le parquet était en frisette de chêne de Hongrie, disposée par panneaux et compartiments symétriques. Les boiseries, cheminées et escaliers étaient en noyer ciré, avec des panneaux sculptés de style Louis XIV.


Dans chaque pièce, une galerie, munie d’une rampe en acier forgé et bronze doré et soutenue par des colonnes en noyer sculpté, divisait en deux la hauteur totale de 7 mètres.



Quatre escaliers en colimaçon, décorés de sculptures en cuivre doré, donnaient accès à cette galerie. La serrurerie et les ferrures des portes et croisées étaient en bronze doré.

Près de 150.000 volumes occupaient 6.805 tablettes, sur environ 6.310 m de longueur. Les collections du prince eurent pour noyau primitif la bibliothèque de géographie, d’art militaire et de littérature étrangère de son père. Elles s’accrurent de livres de celle du prince Anatole Demidoff (1813-1870), époux de la princesse Mathilde Bonaparte, fille du roi Jérôme, qui contenait des ouvrages ayant appartenu à Napoléon à l’île d’Elbe, puis de celle du géographe Louis Vivien de Saint-Martin (1802-1897), secrétaire général de la Société de géographie de 1845 à 1849, de celle de l’orientaliste Charles Schefer (1820-1898) et de celle de Napoléon qui se trouvait à la Malmaison. Le prince ajouta à sa bibliothèque les publications anciennes ou récentes dont ses travaux avaient besoin. Parmi ses nombreuses publications, hormis les textes de ses conférences et ses articles de presse, figurent :
-         Les habitants de Suriname. Paris, 1884.
-         La Nouvelle-Guinée. Paris, 1887.
-         Le premier établissement des Néerlandais à Maurice. Paris, 1890.
-         Démocratie suisse. Paris, 1890.
-         Les variations périodiques des glaciers français. Paris, 1891.
-         Une excursion en Corse. Paris, 1891.
-         Documents de l’époque mongole des xiiie et xiv e siècles. Paris, 1895.
-         Fougères du Congo belge. Bruxelles, 1913.
-         Notes ptéridologiques. Paris, 1915-1924.



Les livres étaient classés dans un cadre géographique (Europe, Asie, Afrique, Amérique, Océanie), suivant vingt-six divisions représentées sur les livres par une lettre de l’alphabet et dans l’ordre suivant : généralités, géologie, géographie, histoire, mœurs et législation, sciences, arts, etc. Une collection des voyageurs hollandais, des atlas de cartes anciennes, des recueils de planches de sciences et d’art, des milliers de clichés photographiques et des centaines de revues et journaux géographiques français et étrangers, classés selon la même méthode que les livres, complétaient les collections. Un signe spécial, une étoile à cinq branches, marquait les œuvres de la famille Bonaparte ou la concernant.



Environ un quart de la bibliothèque formait le cabinet de travail particulier du prince, qui occupait une des quatre pièces, avec les sections : bibliographie, linguistique, encyclopédies, relations générales de voyages, voyages en plusieurs parties différentes du monde. Un double catalogue par fiches était établi au jour le jour : des fiches pour l’ordre alphabétique des auteurs, des fiches pour l’ordre des matières.




Cette bibliothèque était une bibliothèque de travail plus qu’une bibliothèque de bibliophile : elle était en effet plus remarquable par les séries bien complètes sur les sujets préférés par le prince que par la rareté ou le grand luxe des livres, munis néanmoins, pour la plupart, d’un ex-libris.
Le service de la bibliothèque, qui était à la disposition des lettrés, des érudits et des savants, était assuré par un bibliothécaire, un bibliothécaire adjoint et trois aides chargés de la manutention, de l’étiquetage et de la confection des fiches. François Escard (1836-1909), ami et disciple du sociologue Frédéric Le Play (1806-1882), fondateur en 1856 de la Société d’économie sociale, fut le bibliothécaire le plus connu.
C’était au rez-de-chaussée que se trouvaient le cabinet du bibliothécaire, ainsi qu’une bibliothèque de réserve, des magasins et un laboratoire photographique.

En 1925, après la mort du prince, l’hôtel de l’avenue d'Iéna fut acheté par la Compagnie universelle du canal maritime de Suez. Il fut modifié en 1929 (permis de construire des 17 février et 10 mars 1926) par Michel Roux-Spitz (1888-1957), l’architecte de l’Hôtel de Ville de Saint-Nazaire : l’hôtel fut surélevé de trois étages, les communs furent transformés en garage fermé par une grande baie vitrée monumentale, et une salle de conférences fut réalisée dans la partie supérieure de l’ancienne cour. Dans les années 1980, d’autres travaux modifièrent profondément la partie arrière du bâtiment. Seuls le rez-de-chaussée et le 1er étage subsistent ; la bibliothèque a depuis longtemps disparu.

La partie géographique de la bibliothèque, environ 40.000 volumes, ainsi que 17.000 clichés, furent offerts à la Société de géographie par Marie de Grèce.



Ce don ne pouvant tenir dans les locaux du 184 boulevard Saint-Germain (VIe), inaugurés en 1878, la Société loua l’hôtel Bonaparte à la Compagnie Universelle du canal maritime de Suez et déménagea.



La bibliothèque du prince demeura ainsi en place. En 1942, la Société réintégra les locaux du boulevard Saint-Germain et les collections furent alors déposées à la Bibliothèque nationale : 90.000 ouvrages, 2.000 titres de périodiques (345 titres vivants), 135.000 documents iconographiques, en majeure partie des photographies sur papier ou plaques de verre, 500 cartons d’archives, environ 35.000 cartes, ainsi que le manuscrit de Vingt mille lieues sous les mers et un fragment de celui de Cinq semaines en ballon de Jules Verne, donnés à la Société de géographie par son fils Michel en 1906.
En 1888, après son voyage en Corse, le prince avait donné 5.000 volumes à la bibliothèque d’Ajaccio : des livres de chimie, de sciences, de botanique, de médecine et d’anatomie, ainsi que des ouvrages de littérature, d’histoire, de géographie et des récits de voyages.
D’autres parties de la bibliothèque de Roland Bonaparte furent mises en vente aux enchères publiques : à Paris, chez Sotheby’s le 21 mars 2002, Drouot le 29 mai 2002 ; à Londres, chez Christie’s le 18 novembre 2003 ; à Cincinnati, chez Cowan’s, le 16 novembre 2006, etc.

Devenu le siège d’Ubifrance, agence française pour le développement international des entreprises, l’hôtel de l’avenue d’Iéna a été racheté à l’État en 2005 pour 92 millions d’euros par le groupe hôtelier Shangri-La pour en faire, après de nouveaux remaniements, le huitième palace de Paris, dont l’ouverture eut lieu le 17 décembre 2010.









mercredi 19 juin 2013

L’Épigramme de Pons de Verdun

De nombreux biographes le prénomment Robert, sans raison connue, et le font naître en 1749, à cause d’un distique intitulé « Sur mon âge » qu’il a publié dans Les Loisirs ou Contes et poésies diverses (Paris, Brasseur aîné, 1807, in-8, p. 103) :

« J’ai vu le jour en mil sept cent quarante-neuf ;
Si je ne suis pas vieux, las ! je ne suis pas neuf. »

En réalité, Philippe-Laurent Pons est né le 17 février 1759, à Verdun, et fut baptisé le lendemain en l’église Saint-Pierre-l’Angelé, la première et la plus ancienne du diocèse, située dans la ville haute, vers le milieu de la rue Saint-Pierre, à droite, quand on montait du Pont Neuf à la Citadelle, qui fut détruite en 1793 :

« L’an mil Sept cent Cinquante neuf Le dix Sept feuvrier est né en cette Paroisse et Le Lendemain dix huit a été baptisé par nous Pretre Curé Soussigné Le fils du sr Laurent Pons, Marchand Confiseur et de marie anne Pierson son Epouse, au quel on a imposé Le nom de Philippe Laurent. Le parrain a été Le sr Philippe françois Dupaix apoticaire, et La marraine Elizabeth Pierson sa femme, oncle et tante a L’enfant qui ont signé avec nous, tous demeurans en cette ville. » [sic]

Son père, Laurent Pons, était donc marchand confiseur dans cette ville où, un jour de 1220, un apothicaire avait inventé la fameuse dragée qui, depuis 1750, était fabriquée lisse et satinée.

Comme beaucoup d’autres à cette époque, Pons céda à la manie d’utiliser une particule dite « de courtoisie », c’est-à-dire dépourvue de valeur nobiliaire et réservée à un usage mondain : il était « de Verdun », comme Arouet était « de Voltaire », Jean le Rond « d’Alembert », Caron « de Beaumarchais » et Fabre « d’Églantine ».

Il partit faire son droit à Paris. Il logeait alors dans un petit hôtel pour étudiants, rue des Anglais, aujourd’hui dans le Ve arrondissement, près de la place Maubert. Il établit des relations d’amitié avec deux poètes qui habitaient avec lui, Jean-François Collin d’Harleville (1755-1806) et François Andrieux (1759-1833), qui devinrent avocats comme lui, mais firent une carrière d’auteurs dramatiques et furent élus à l’Académie française en 1803.



Il publia en 1778 un recueil in-12 d’épigrammes, de réflexions morales, de contes et autres pièces, réédité en 1780, en 1781 et en 1783. L’édition « la plus complète » est intitulée Les Loisirs ou Contes et poésies diverses (Paris, Brasseur aîné, 1807, in-8, 198 p.). On y trouve, à la page 9, la fameuse épigramme, souvent transcrite de façon erronée, dont le titre est « Le Bibliomane » :



Dès avant la Révolution, différentes publications firent de fréquents emprunts aux textes du poète verdunois. Dans le Journal de Paris du 12 janvier 1779, il eut la surprise de lire, sous le nom de Voltaire, une pièce de vers dont il était l’auteur, adressée à Madame la comtesse de Boufflers, en réponse à ceux qu’elle avait envoyés au philosophe sur le bruit qui courut à Paris qu’il était mort. Il la réclama dans le Journal du 7 février suivant et la publia dans son Recueil de contes et poésies en vers (Londres, s.n., 1783, in-12). Elle ne figure pas dans l’édition « la plus complète » de 1807.

Avocat au Parlement de Paris à partir de 1780, les plaidoyers de Pons n’ont pas laissé de souvenir impérissable. D’évidence, cet homme sérieux et bon préférait la poésie. Pierre Larousse prétend qu’Antoine Rivarol (1753-1801) l’avait surnommé « la providence des almanachs ». En réalité, le brillant polémiste qualifiait ainsi l’opportuniste chevalier Michel de Cubières (1752-1820), dans Le Petit Almanach de nos grands hommes, pour 1788 (s.l., s.n., in-12). Mais il est vrai que Pons fournissait annuellement de nombreuses pièces de vers à l’Almanach des Muses. Fondé en 1765 par le publiciste Claude-Sixte Sautreau de Marsy (1740-1815), qui en sera le directeur jusqu’en 1793, et publié chez le libraire Nicolas-Augustin Delalain (1735-1806) jusqu’en 1794, cet almanach paraîtra jusqu’en 1833. Le recueil intitulé Pièces échappées aux XVI premiers almanachs des Muses (Paris, veuve Duchesne, 1781, in-12) renferme aussi des vers et des épigrammes de Pons de Verdun.



Enthousiasmé par la Révolution, Pons fut nommé juge au tribunal du Ier arrondissement de Paris. En 1792 il remplit les fonctions d’accusateur public près le tribunal de la capitale, avant d’être élu, le 4 septembre, député à la Convention nationale par le département de la Meuse. Deux jours avant son élection, la ville de Verdun avait ouvert ses portes à l’armée prussienne qui l’assiégeait depuis le 29 août, et des femmes avaient voulu offrir des fleurs et des dragées au roi de Prusse. En 1794, douze des quatorze « vierges [sic] de Verdun », âgées de vingt-deux à soixante-neuf ans, déclarées complices d’avoir livré la place aux ennemis, seront condamnées à mort. Pons fut accusé d’être l’instigateur de cette condamnation alors qu’il avait déclaré que les habitants de Verdun n’avaient pas démérité de la patrie et que son nom n’avait jamais figuré dans les actes du procès. Malgré cela, Chateaubriand, l’ancien émigré enrôlé dans l’armée des princes, répétera cette calomnie dans ses Mémoires d’outre-tombe (Paris, Eugène et Victor Penaud frères, 1849, 12 vol. in-8, t. III, p. 111) :

« L’instigateur du massacre des jeunes filles de Verdun, fut le poétereau régicide, Pons de Verdun, acharné contre sa ville natale. Ce que l’Almanach des Muses a fourni d’agents de la Terreur est incroyable ; la vanité des médiocrités en souffrance produisit autant de révolutionnaires que l’orgueil blessé des culs-de-jatte et des avortons : révolte analogue des infirmités de l’esprit et de celles du corps. Pons attacha à ses épigrammes émoussées la pointe d’un poignard. Fidèle apparemment aux traditions de la Grèce, le poète ne voulait offrir à ses dieux que le sang des vierges : car la Convention décréta, sur son rapport, qu’aucune femme enceinte ne pouvait être mise en jugement. »

Dans le procès du roi Louis XVI, au mois de décembre 1792, Pons se prononça pour la peine de mort : « Louis a été accusé par la nation entière d’avoir conspiré contre la liberté ; vous l’avez déclaré convaincu de cet attentat, ma conscience me dit d’ouvrir le code pénal et de prononcer la peine de mort. » En 1793, il dénonça Jean-Baptiste Marino (1767-1794), agent du comité de sûreté générale à Lyon, qui se servait de sa position pour obtenir des avantages en nature et en argent. L’année suivante, il fit voter qu’aucune femme accusée de crimes entraînant la peine capitale ne pourrait subir le jugement si elle était reconnue enceinte. En 1795, rappelant la générosité du général vendéen Charles-Melchior-Artus de Bonchamps (1760-1793) qui avait obtenu la grâce de soldats républicains prisonniers à Saint-Florent-le-Vieil en 1793, il sauva sa veuve condamnée à la peine de mort par la commission militaire de Nantes. De 1795 à 1799, Pons siégea au Conseil des Cinq Cents, qui avait l’initiative des projets de loi. Un jour de 1798, pendant qu’on y discutait sur les malversations reprochées à Ange-Etienne-Xavier Poisson de La Chabeaussière (1752-1820) dans l’administration du Théâtre des Arts, ou Opéra, Pons composa et fit circuler la pièce suivante :

« Sous ses ordres, quand l’Opéra
                                                   De faillir essuya la honte,
                                                   Habilement il s’en tira
                                                   En évitant de rendre compte.
                                                   N’ayant volé qu’un peu d’argent,
                                                   Il n’eut qu’un peu d’ignominie ;
                                                   Petit poisson deviendra grand,
                                                   Pourvu que Dieu lui prête vie. »

L’affaire ayant été portée devant les tribunaux, La Chabeaussière, dont les premiers essais poétiques étaient parus dans l’Almanach des Muses, fut acquitté.
Pons était membre du « Portique Républicain », ou « Institut libre », société littéraire qui excluait les membres de l’Académie française et qui fut fondée en 1798 par les chevaliers Antoine-Pierre-Augustin de Piis (1755-1832) et Michel de Cubières, auteurs, eux aussi, de quelques pièces publiées dans l’Almanach des Muses.

Rallié à Bonaparte après le coup d’État du 18 brumaire, Pons devint commissaire près le Tribunal d’appel du département de la Seine. C’est alors qu’il publia un Portrait du général Suwarow. Dialogue sur le congrès de Rastadt (Paris, Dabin, an VIII, in-8). Il fut nommé substitut du procureur général près la Cour de cassation en 1801, reçut la décoration de la Légion d’honneur en 1804 et assura les fonctions d’avocat général près la même cour de 1810 à 1815. Pons avait le projet de publier une Bibliothèque des livres singuliers, c’est-à-dire d’ouvrages intéressant les bibliophiles, en théologie, en droit, en sciences et arts, en littérature et en histoire. Celle concernant les livres de droit se trouve p. 246-335 des Questions illustres ou Bibliothèque des livres singuliers en droit (Paris, Tardieu Denesle, 1813, in-12), par l’ancien avocat et ex-juge au Tribunal du département de la Seine Julien-Michel Dufour de Saint-Pathus (1757-1828), dont plusieurs articles ont en outre été faits sur des exemplaires faisant partie de la bibliothèque de Pons :

« Ce livre et la majeure partie de ceux dont je donne l’analyse m’ont été communiqués par M. Pons de Verdun, avocat général à la Cour de Cassation, dont la bibliothèque est peut-être la plus riche en livres singuliers. » [p. 3]

Banni comme régicide, Pons dut s’exiler à Bruxelles en 1816 et ne fut autorisé à rentrer en France qu’en 1819. Sa bibliothèque fut vendue par le libraire Jacques-Simon Merlin (1765-1835), avec celle de Blanchon : Catalogue des livres de la bibliothèque de M. B. P. (Paris, Merlin, 1817, in-8).

Pendant son séjour à l’étranger, il fournit plusieurs contes en vers à L’Esprit des Journaux. Ce périodique, créé à Liège en 1772, puis publié sous la double adresse de Paris et de Liège entre 1782 et 1793, fut cédé à Charles-Auguste Weissenbruch (1744-1826) qui l’a continué à Bruxelles jusqu’en avril 1818.

Dans Le Savant, comédie-vaudeville en deux actes représentée pour la première fois au Théâtre du Gymnase le 22 février 1832, le savant professeur Reynolds, s’extasiant sur une édition de Pétrone imprimée par Robert Estienne, chante un couplet qui rappelle l’épigramme de Pons de Verdun (acte II, scène IV) :

« Avec tous les fragments nouveaux...
                                               Grand Dieu ! Quelle joie est la mienne !
                                               Que ces caractères sont beaux !
                                               Et c’est la bonne édition...
                                               Voici, page soixante-seize,
                                               Ces deux fautes d’impression
                                               Qui ne sont pas dans la mauvaise. »

L’auteur était le librettiste Eugène Scribe (1791-1861), de l’Académie française, qui vota contre l’admission de Victor Hugo. Dans ses Petits Mémoires de l’Opéra (Paris, Librairie Nouvelle, 1857, in-12, p. 283-284), Charles de Boigne (1808-1896) l’accuse, à juste titre, de plagiat : « La bibliothèque de M. Scribe n’est point un ramassis de livres achetés, empilés au hasard : les livres de M. Scribe lui ont rapporté mieux que quelques heures d’agréable loisir. » Le baron de Boigne, qui fut l’un des fondateurs du Jockey-Club, dut faire la grimace quand son club s’installa rue Scribe en 1863 !

Pons publia encore des pièces de vers intitulées Le Filleul et le Parrain ou la Question physiologique (Paris, Pollet, 1836, in-8). Il mourut à Paris le 7 mai 1844.

C’est ainsi que Pons de Verdun, qui « aurait laissé intacte la réputation d’un littérateur aimable, s’il n’avait pas eu la malheureuse fantaisie de devenir un personnage politique », dut à une seule épigramme d’être entré dans l’Histoire de la Bibliomanie.


le Bibliomane
Livres et Gravures
2, Avenue Trudaine - Paris (IX)








samedi 8 juin 2013

Gants blancs et livres anciens

Chez Nicolas Fouquet (1615-1680), surintendant général des finances de Louis XIV, aucun visiteur n’était autorisé à manipuler un ouvrage sans avoir enfilé une paire de gants blancs. Dans la salle servant de dépôt aux richesses bibliographiques du banquier parisien Rougemont de Lowemberg (1758-1839), on voyait une pile de gants blancs qu’on offrait aux visiteurs qui désiraient toucher les reliures et les tranches peintes de cette collection.


Gants de coton blanc à la Bibliothèque
(Auxerre, 6 juin 2013 - photo blog Histoire du Livre)

Le port de gants est encore obligatoire aujourd’hui pour consulter les livres et papiers anciens de certaines collections d’archives et de bibliothèques, alors qu’il a été démontré que les gants de coton blanc, ou de couleur, ne protègent pas les livres et le papier contre la transpiration et la saleté, et qu’ils augmentent la probabilité d’endommager physiquement les collections (In International preservation news, n° 37, décembre 2005, p. 10-16).



Université de Manchester : Bibliothèque John Rylands.


Une manipulation quotidienne ne provoquant pas de détérioration chimique du papier, se laver les mains est une alternative raisonnable et efficace au port de gants.
Il est vrai néanmoins que les gants protègent les reliures contre les griffures d’ongle un peu long.

 


samedi 1 juin 2013

La Science et la Patience du comte de Lignerolles





Lignerolles appartenait à une famille de la noblesse chartraine qui posséda longtemps Le Thieulin (Eure-et-Loir), où se trouve le château de Lignerolles. Depuis la Révolution, cette famille habitait la petite ville de Brou (Eure-et-Loir), rue de la Chevalerie, sur la paroisse Saint-Lubin, où le comte Raoul-Léonor L’Homme Dieu du Tranchant de Lignerolles était né le 15 septembre 1816, fils de Marie-Pierre-Jean-François L’Homme Dieu, seigneur du Tranchant et de Lignerolles, et de sa seconde épouse Agathe-Hippolyte d’Orival de Criel.



Ses armes étaient « d’azur, au chevron d’or, accompagné en chef de deux étoiles du même et en pointe d’un agneau pascal d’argent ».
Il fut reçu chevalier de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem de Malte par bulle délivrée à Rome le 7 août 1840. Auditeur au Conseil d’État, il entra à la Société des Bibliophiles françois le 28 mai 1851, remplaçant Jean-Louis-Antoine Coste (1784-1851), ancien conseiller à la Cour d’appel de Lyon, qui avait possédé la bibliothèque la plus complète sur sa ville natale.

Au cours d’un demi-siècle, le comte de Lignerolles était arrivé à composer l’une des bibliothèques les plus remarquables qui aient été formées à Paris dans la seconde moitié du xixe siècle, malgré des ressources limitées : mais, heureux célibataire, il avait beaucoup de patience et possédait particulièrement bien la science bibliographique. Il assistait à toutes les ventes publiques, le soir à la salle Silvestre, fouillait toutes les boutiques de libraires, Potier, Claudin, France, Techener et Bachelin, et les boîtes des quais.



Tout le monde connaissait bien sa barbe blanche et sa redingote noire, ornée de poches profondes.
En 1869 eut lieu un événement unique dans les annales de la bibliophilie. À la vente du baron Jérôme Pichon (1812-1896), Lignerolles et le baron Jean-Joseph de La Roche-Lacarelle (1816-1887) ne pouvant posséder le même volume qu’ils convoitaient tous les deux, un Recueil de pièces joyeuses dans son ancienne reliure en maroquin vert, se le partagèrent par traité, avec faculté de le voir et de l’avoir de temps à autre, comme des parents divorcés ont et voient leur enfant à dates fixes ; le survivant, qui fut le comte de Lignerolles, devait en rester le propriétaire :

« Entre les soussignés, M. le baron de La Roche-Lacarelle et M. le comte de Lignerolles, il a été convenu ce qui suit :
Le recueil de 18 pièces gothiques inscrit sous le n° 485 du Catalogue J. Pichon et qui a été acheté moyennant la somme de 3,900 francs, plus 10 p. 100 de frais, en tout 4,290 francs, reste et restera indivis entre les deux acquéreurs jusqu’à la mort de l’un des deux.
Chacun des deux acquéreurs payera la moitié du prix d’acquisition, et jouira alternativement, pendant six mois chaque année, de la possession dudit ouvrage.
Fait double, approuvé et signé par les deux parties. »

Lignerolles était très amoureux de ses livres, et très discret sur leur présence chez lui. Peu de gens connaissaient d’ailleurs son adresse, rue de Clichy, rue d’Alger, puis rue François Ier de 1872 à 1893. Seuls, de rares privilégiés, dont le baron Pichon et Quentin-Bauchart, ont vu quelques-uns de ses livres avant leur dispersion. En outre, le bibliomane offrait des gants à ses visiteurs qui, ainsi gantés, devaient se contenter de regarder, sans toucher l’ouvrage qu’il leur présentait !
Dans ses Estampes et livres (Paris, L. Conquet, 1892), Henri Beraldi raconte que Ernest Quentin-Bauchart (1830-1909) avait un jour déjeuné chez le comte Raoul de Lignerolles :

« après ce déjeuner, ayant cherché un endroit retiré – pourquoi ne pas dire le mot ? Les cabinets, parbleu ! – s’était trouvé face à face avec un Molière de Bret à figures avant la lettre, avec des eaux-fortes ! Ceci mit le sceau au prestige du bibliophile. Un pareil livre en pareil lieu ! Qu’étaient donc les livres réservés aux honneurs du salon ? Et dès lors l’opinion générale se résuma en ce mot : Lignerolles a tout ... »

Le « Molière de Bret » est en effet une belle édition, recherchée par les amateurs, des Œuvres de Moliere, avec des remarques grammaticales ; des avertissemens et des observations sur chaque piéce [sic]. Par M. Bret (Paris, Compagnie des libraires associés, 1773, 6 vol. in-8, 33 gravures d’après Moreau « le jeune »), pour laquelle l’auteur dramatique Antoine Bret (1717-1792) avait suivi l’édition imprimée par Pierre Prault (Paris, s.n. [David l’aîné], 1734, 6 vol. in-4, gravures d’après François Boucher).

Lignerolles recherchait surtout les éditions originales des écrivains des xvie et xviie siècles : les exemplaires devaient être irréprochables, dans des reliures en maroquin ancien ou de Trautz, le seul relieur moderne qui trouvait grâce devant lui. Deux écrivains seulement du xixe siècle trouvèrent grâce devant lui : Chateaubriand, représenté par son seul roman d’Atala, et Béranger. Lignerolles n’a jamais eu d’ex-libris, mais certains de ses livres portent une note brève sur la garde, écrite au crayon, avec un « V » (Vu) ou un « Coll. » (Collationné), à l’angle de cette même garde.
Chaque année, il séjournait pendant plusieurs semaines, avant l’hiver, dans sa ferme de Graville-Sainte-Honorine (commune absorbée par Le Havre, Seine-Maritime, en 1923). En 1892, il y fut atteint d’une congestion et dut rentrer à Paris, 66 rue François Ier (VIIIe), où il s’éteignit le 13 février 1893.




Le libraire Charles Porquet (1823-1902), quai Voltaire, a été chargé de la vente de sa bibliothèque à Drouot et de la rédaction du catalogue. Les principaux acheteurs furent Morgand, Porquet et Lortic, le fils, mais aussi Durel, Techener, Rondeau, Champion, Belin, Claudin, Fontaine, Briquet, Leleu, Gruel, la Bibliothèque nationale, le prince Bonaparte, etc.

Dans le catalogue de la première vente, Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le comte de Lignerolles (Paris, Charles Porquet, 1894, in-8, [4]-IV-153-[1 bl.] p., 675 lots), qui eut lieu du 29 janvier au 3 février 1894, on trouve 35 manuscrits, tous les livres de Théologie et ceux des Sciences et des Arts. La classe des Livres d’Heures est particulièrement riche : on remarque la plupart des éditions de Simon Vostre, de Philippe Pigouchet, de Thielman Kerver, d’Antoine Vérard, etc., en exemplaires parfaits. Il y a toutes les éditions originales de Bossuet en maroquin de l’époque. Montaigne, La Rochefoucauld, La Bruyère, etc. Les plus précieux parmi les livres de chasse et de cuisine sont présents. Des exemplaires de provenances illustres : royales (François Ier, Henri III, Henri IV, Louis XIII et Anne d’Autriche, etc.), amateurs (Maioli, De Thou, Fresnoy, Longepierre, Chamillart, etc.), auteurs (un Montaigne de 1588, dans sa reliure primitive en vélin blanc, avec un long envoi autographe). Des reliures de Padeloup pour le comte d’Hoym, de Le Gascon pour le chancelier Séguier, une des 22 reliures à mosaïques composées par Trautz-Bauzonnet, etc.



39. Liber Psalmorum. Parisiis, Ex officina Simonis Colinaei, 1541. In-16, réglé, mar. rouge, mosaïque de mar. vert et citron, compart. et arabesques, dorure à petits fers et au pointillé couvrant le dos et les plats du vol. doublé de mar. citron, large dent., gardes de pap. doré, tr. dor. Provient de la bibliothèque du comte d’Hoym (n° 93). 2.500 fr. à Morgand.


87. Les Homélies du bréviaire, avec les leçons des Festes des Saints. Paris, Pierre Rocolet, 1640. 2 vol. in-8, mar. rouge, compart. et arabesques, tr. dor. (Le Gascon). Aux armes et au chiffre du chancelier Séguier. 10.000 fr. à Morgand.
105. L’Office de la semaine sainte. Paris, impr. Jac. Colombat, 1732. In-8, fig., mar. rouge, fil., dent., compart. et arabesques, dorure au pointillé couvrant le dos et les plats du volume, tr. dor. Aux armes et au chiffre du roi Louis XVI. Avec, sur le feuillet de garde, un envoi autographe du Roi à sa cousine, la Princesse de Lamballe, un billet autographe de la reine Marie-Antoinette et quelques mots de Marie-Thérèse, dite Madame Première. On joint une lettre autographe de la Reine, portant quelques lignes de la main du Roi. Coté 2.000 fr. en 1858 dans un catalogue du libraire Potier. 30.000 fr. à Morgand.


121. Homélies ou Sermons de S. Jean Chrysostome. Paris, André Pralard, 1693. 3 vol. in-8, réglés, mar. bleu, mosaïque de mar. rouge et citron, compart. et arabesques, dorure à petits fers couvrant entièrement le dos et les plats des volumes, gardes de pap. doré, tr. dor. (Padeloup). Un des chefs-d’œuvre de Padeloup. 8.550 fr. à Porquet.


187. Traicté de la très saincte communion. Paris, Thomas Brumen, 1583. In-16, réglé, mar. brun, fil., compart. et arabesques, tr. dor. Rel. exécutée pour le roi Henri III. Sur le dos, les armes de France, la tête de mort et la devise du Roi ; sur les plats le même médaillon, les Saintes Femmes au pied de la Croix. 405 fr. à Belin.


281. De l’Imitation de Jésus-Christ. Paris, Charles Savreux, 1663. Gr. in-8, front. et fig. grav. par A. Bosse et K. Audran, mar. rouge, fil., tr. dor. Aux armes et au chiffre de Henriette de France, femme de Charles Ier, roi d’Angleterre. Avec une lettre autographe d’Henriette à Mazarin. Adjugé 700 fr. à la vente Debure. 6.000 fr.


444. Ioannis Lodovici vivis Valentini, de Concordia & discordia in humano genere. Antverpiae, apud Michaelem Hillenium, 1529. Pet. in-8, v. fauve à compart., tr. dor. Exemplaire de Maioli avec son nom et sa devise. Provient des bibliothèques de Paris et du prince Radziwill. 2.700 fr. à Porquet.
448. Essais de Michel seigneur de Montaigne. Paris, Abel L’Angelier, s. d. [1588]. In-4, vél. blanc, étui de maroquin rouge. Avec un envoi autographe de Montaigne. 8.000 fr. à Rondeau.


585. Livre singulier et utile, touchant l’art et practique de géométrie. – Raison darchitecture antique, extraicte de Victruve. Paris, Simon de Colines, 1542. 2 parties en 1 vol. pet. in-4, réglé, fig. sur bois, mar. noir, compart. et arabesques, coins dorés, dos orné, tr. ciselée et dorée. Aux armes du roi François Ier. Dos refait. 5.160 fr.

670. La Lumière. Par le sieur de La Chambre. Paris, P. Rocolet, 1657. In-4, front. gr., mar. rouge, fil., larges dent., coins et milieux dorure à petits fers, dos orné, tr. dor. (Boyet). Ex. de dédicace au cardinal Mazarin, portant sur les plats ses emblèmes, des flammes et des étoiles. 850 fr.à Morgand.  

La seconde vente, Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le comte de Lignerolles (Paris, Charles Porquet, 1894, in-8, XII-319-[1 bl.] p., 1.485 lots numérotés de 676 à 2.160), qui eut lieu du 5 au 17 mars 1894, fut réservée aux Belles-Lettres. Parmi les provenances : un Catulle de Grolier en maroquin rouge, un maroquin noir où s’étale l’emblème de Demetrius Canevarius (Apollon sur son char gravissant le Parnasse), un maroquin bleu avec les insignes de Longepierre, l’édition originale des Amours de Psyché et Cupidon de La Fontaine aux armes du comte d’Hoym, plusieurs volumes en maroquin doublé de Boyet ayant à l’intérieur les armes de madame de Chamillart ; l’édition originale de L’École des femmes de Molière (1663) aux armes d’Anne d’Autriche. Des éditions anciennes de Rabelais (Pantagruel, Lyon, François Juste, 1534), plusieurs éditions précieuses de Marot (celle de 1545, dite du Rocher, en maroquin doublé, avec les armes du Dauphin au bas du dos). Le « grand siècle », époque de prédilection de Lignerolles : la collection complète des pièces de théâtre de Molière en éditions originales, toutes les éditions collectives, y compris celle de 1673 aux armes de Colbert. Des livres à figures, qui ne jouissaient pas des faveurs de Lignerolles : Les Baisers de Dorat, les Chansons de Laborde, les Contes de La Fontaine (un exemplaire aux armes du fermier général Millin du Perreux), etc. Les numéros 934 (Les Souspirs d’Olivier de Magny. Paris, V. Sertenas, 1557), 935 (Les Odes d’Olivier de Magny. Paris, A. Wechel, 1559), 1.657 (Britannicus. Paris, Barbin, 1670), 1.658 (Bérénice. Paris, Barbin, 1671), 1.661 (Iphigénie. Paris, Barbin, 1675), dans des reliures en mar. rouge ou bleu de Trautz-Bauzonnet, ont été volés, probablement lors de l’exposition le dimanche 28 janvier 1894.

733. Oraisons funèbres de Bossuet. Paris, Ch. Lahure, 1863. In-fol., pap. de Hollande, mar. brun doublé de mar. rouge, large dent. dorée à petits fers, tr. dor. (Hardy-Mennil, relieur ; Marius Michel, doreur). Exemplaire unique imprimé pour Pierre-Antoine Berryer (1790-1868), avocat, royaliste de conviction, qui plaida pour les ouvriers typographes. On joint une feuille volante sur laquelle Lignerolles a écrit : « Le 20 mars 1869, j’ai acheté ce volume de Bossuet en l’honneur de Berryer, en l’honneur de l’opinion politique à laquelle il est resté fidèle, en l’honneur des ouvriers typographes qui le lui ont offert. Ce livre est pour Berryer et pour son temps un monument national et tout français. ». 1.500 fr. à Champion.
792. Catullis. Tibullus. Propertius. (à la fin : ) Venetiis in aedibus Aldi et Andreae soceri mense martio. MDXV.In-8, mar. rouge, fil., compart. arabesques et coins dorés, tr. dor. Exemplaire de Grolier. Adjugé 935 fr. à la vente Libri en 1847. Acheté 2.500 fr. par Lignerolles à la vente Hebbelinck, à Londres, en 1856. 10.000 fr.


799. La Métamorphose d’Ovide figurée. Lyon, Jean de Tournes, 1557. Pet. in-8, fig. sur bois, mar. rouge, fil., tr. dor. (Boyet). Edition originale, chef-d’œuvre du graveur Bernard Salomon, dit le Petit Bernard. 178 fig. sur bois entourés d’ornements variés. 3.700 fr.

830. V. ampliss. Chtistophori Thuani tumulus. Lutetiae, Apud Mamertum Patissonium, 1583. – V. C. Ioannis Thuani […] Tumulus. Lutetiae, Apud Mamertum Patissonium, 1580. 2 parties en un vol. in-4, portrait gravé par Léonard Gaultier, mar. brun, fil., semis de larmes sur les plats et sur le dos du volume, tr. dor. À la louange de Christophe de Thou et de son fils. Grand papier. Rel. aux armes de J-A de Thou. Acquis par Lignerolles à la vente Gosford, en mai 1882, au prix de 3.500 fr. 1.980 fr.
857. Le Résolu en mariage. Paris, Anthoine Vérard, s. d. [v. 1500]. In-8, 32 fig. sur bois, mar. brun jans., doublé de vél. blanc, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. imprimé sur vélin et le seul connu. De la bibliothèque de La Roche-Lacarelle. 2.800 fr.
858. Les Œuvres de maistre Françoys Villon. Paris, Galliot du Pré, 1532. Pet. in-8, lettres rondes, mar. rouge, fil., dos orné, doublé de mar. rouge, dent., tr. dor. (Boyet). Ex. de J. J. De Bure. 2.000 fr.
873. Les Fortunes & Adversitez de feu noble homme Jehan Regnier escuyer. Paris, 1526. In-8, caract. goth., figures sur bois, mar. vert, fil. à froid, doublé de mar. rouge, riches compart., semis des chiffres M. J. P., tr. dor. (Bauzonnet). Volume dont on ne connaît que deux ou trois ex., provenant de la bibliothèque du baron Pichon. 2.500 fr.
889. Les Œuvres de maistre Roger de Collerye. Paris, 1536. Pet. in-8, lettres rondes, mar. rouge jans., doublé de mar. rouge, guirlande de fleurs, dorue à petits fers, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). On n’en connaît qu’un deuxième ex. complet, celui du baron J. de Rothschild (Cat. t. I n° 517). 2.980 fr.
901. Les Œuvres de Clément Marot. Lyon, à l’enseigne du Rocher, 1545. 2 tomes en 1 vol. in-8, réglé, mar. bleu, fil., dos orné, doublé de mar. rouge, dent., tr. dor. (Du Seuil).Ex. relié pour Louis, dauphin, fils de Louis XIV, dont les armes se trouvent au bas du dos du volume. Des bibliothèques de La Vallière, Coulon, Bruyère-Chalabre, Richard Heber et J.-Ch. Brunet. 4.000 fr.
920. Rymes de gentile, et vertueuuse dame D. Pernette du Guillet Lyonnoise. Lyon, Jean de Tournes, 1545. Pet. in-8, mar. rouge jans., doublé de mar. rouge, dent. (Trautz-Bauzonnet). 6.310 fr.
929. Euvres de Louize Labé Lionnoize. Lyon, Jean de Tournes, 1555. In-8, v. ant., fil., coins fleurdelisés (Rel. du seizième siècle). Première édition. 3.000 fr. à Morgand.
930. Euvres de Louize Labé Lionnoize. Lyon, Jean de Tournes, 1556. In-8, mar. citron, fil., dent. de roses et de feuillages, semis de pensées, roses et marguerites couvrant le dos et les plats du volume, doublé de mar. bleu, dent., guirlande de fleurs, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Seconde édition. 2.030 fr. à Porquet.
974. Elégies de Ian Doublet Dieppoys. Paris, Charles Langelier, 1559. In-4, mar. bleu, fil., milieux et coins à feuillage, dorure à petits fers, dos orné, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Ex. de La Roche-Lacarelle. 1.920 fr. à Morgand.
1.005. Recueil de quelques vers amoureux. Paris, veuve Mamert Patisson, 1602. In-8, réglé, vél. blanc, fil., semis de fleurs de lis sur le dos et sur les plats, tr. dor. Aux armes et au chiffre de Henri IV. Adjugé 71 fr. à la vente Nodier en 1844. 7.450 fr. à Porquet.
1.006. Le Grand Ciel empyrée de Claude de Kaerlec. Paris, Félix le Mangnier, 1585. In-4 réglé, portraits de Henri III et de Louise de Lorraine, vél. blanc, fil., arabesques de feuillages, milieux représentant des têtes d’anges surmontées d’un soleil levant, aux angles du vol. le chiffre du Roi et de la Reine surmonté de la couronne royale, tr. dor. 3.200 fr. à Morgand.
1.045. Les Œuvres du sieur de Saint-Amant. Paris, impr. Robert Estienne pour François Pommera et Toussaint Quinet, 1629. In-4, réglé, mar. rouge, fil., dent., coins et milieux, dorure à petits fers et au pointillé, dos orné, tr. dor. (Le Gascon). 2.020 fr. à Porquet.
1.073. Poésies de Mme et de Melle Deshoulieres. Paris, Villette père, 1732. 2 vol. in-8, mar. rouge, dent., dos ornés, doublés de mar. vert, dent. gardes de tabis, tr. dor. (Padeloup). Aux armes de Brancas, duc de Lauraguais,  et de Diane Adélaïde de Mailly, sa femme. 4.000 fr. à Morgand.
1.093. Les Baisers, précédés du mois de mai. La Haye, et se trouve à Paris, Lambert et Delalain, 1770. In-8, mar. rouge, fil., dos orné, dent. int., gardes de pap. dor., tr. dor. (Rel. anc.). 2.560 fr.
1.303. Fables choisies, mises en vers, par J. de La Fontaine. Paris, Desaint, Saillant et Durand, 1755-1759. 4 vol. gr. in-fol., mar. rouge, fil., coins dorés, tr. dor. Grand papier de Hollande. Epreuves de premier tirage. Aux armes du duc d’Aumont. 6.000 fr
1.304. Fables nouvelles [par Dorat]. La Haye, et se trouve à Paris chez Delalain, 1773. 2 tomes en 1 vol. gr. in-8, mar. rouge, fil., dos orné, tr. dor. (Rel. anc.). 3.050 fr.
1.307. Contes et Nouvelles en vers de M. de la Fontaine. Paris, Claude Barbin, 1665. – Deuxiesme partie des Contes et Nouvelles en vers de M. de la Fontaine. Paris, Louis Billaine, 1646 [i.e. 1666]. 2 tomes en 1 vol. pet. in-12, mar. citron, fil., dos orné, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). Edition originale des deux premiers livres. 3.060 fr. 

1.325. La Pucelle d’Orléans. Poeme heroi-comique en XVIII chants.Londres, 1756. In-18, mar. rouge, mosaïque de mar. vert et citron, compart. et arabesques de feuillages, dorure au pointillé, doublé de mar. rouge, dent., dos orné, tr. dor. (Rel. anc.).

Porte à l’intérieur les armes de Angrand de Fonspertuis, fermier général. Front. et 29 dessins libres inédits, exécutés à la sépia et coloriés. 2.080 fr.
1.357. Choix de chansons mises en musique par M. de la Borde. Paris, Delormel, 1773. 4 tomes en 2 vol. gr. in-8, mar. rouge, fil., dos orné, tr. dor. (Rel. anc.). 4.620 fr. à Morgand.
1.358. Œuvres complètes de P.-J. de Béranger. Paris, Perrotin, 1847. 2 vol. – Musique des chansons de P.-J. de Béranger. Paris, Perrotin, 1847. – Dernières chansons de Béranger de 1834 à 1851. Paris, Perrotin, 1860. – Ma biographie, ouvrage posthume. Paris, Perrotin, 1858. Ensemble 5 vol. in-8, fig., brochés. Ex. contenant la suite des figures épreuves en double état :avant la lettre sur papier de Chine et eaux-fortes, pour les quatre volumes. 5.000 fr. à Conquet.



1.415. L’Amoureux Passetemps. Lyon, Benoist Rigaud, 1570. In-16, mar. citron, dent. de fleurs, semis de marguerites, de tulipes et de pensées couvrant le dos et les plats, dent. int., tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 685 fr. à Porquet.
1.472. La Nef des folles. Paris, Geoffroy de Marnef, s. d. [v. 1500]. In-4 goth., fig. sur bois ; mar. bleu, fers à froid, doublé de mar. rouge, riches compart., tr. dor. Chiffre et armes sur les plats. Imprimé sur vélin. Des bibliothèques de Pichon et de La Roche-Lacarelle. 3.200 fr. à Morgand.
1.568. Le Théatre de P. Corneille. Paris, Guillaume Cavelier, 1706, 5 vol. – Poëmes dramatiques de Th. Corneille. Paris, Guillaume Cavelier, 1706, 5 vol. Ensemble 10 vol. in-12, réglés, mar. vert, larges dent., dos ornés, doublés de mar. rouge, dent. int., tr. dor. (Boyet). Aux armes de Madame de Chamillart à l’intérieur. De la bibliothèque de J.-Ch. Brunet. 3.630 fr.


1.575. Les Sentimens de l’Académie françoise sur la tragi-comédie du Cid. Paris, Jean Camusat, 1638. In-8, mar. rouge, compart. de fil., dos orné, tr. dor. Grand papier. Avec les armes du cardinal de Richelieu sur le dos et sur les plats. 5.000 fr.
1.584. Les Œuvres de Monsieur Molière. Paris, Claude Barbin, 1673. 7 vol. in-12, mar. rouge, fil., tr. marb. Réunion factice dont on ne connaît que 5 exemplaires (BnF, incomplet du t. V, Aumale, Villeneuve, Tandeau de Marsac, Lignerolles). Aux armes de J.-B. Colbert sur les plats et son chiffre couronné sur les dos. 16.200 fr.
1.585. Les Œuvres de Monsieur de Molière. Paris, Denys Thierry et Claude Barbin, 1674. 7 vol. in-12, mar. rouge, fil., dos ornés, tr. dor. (Rel. anc.). 5.600 fr.
1.587. Œuvres de Molière (par M. Bret). Paris, Compagnie des libraires associés, 1773. 7 vol.in-8, demi-rel. mar. ch. rouge. Très bel ex. non rogné. 22.100 fr.
1.649. Œuvres de Racine. Paris, Pierre Trabouillet, 1687. 2 vol. in-12, front. de C. Le Brun, fig. de Chauveau, mar. rouge, fil., dos ornés, tr. dor. Aux armes de J.-B. Colbert. 3.500 fr.
1.666. Esther. Paris, Denys Thierry, 1689. Athalie. Paris, Denys Thierry, 1692. Ensemble 2 pièces en 1 vol. in-12, réglé, mar. vert, large dent., dos orné, doublé de mar. rouge, dent., tr. dor. Editions originales. Aux armes du duc de Montmorency-Luxembourg. De la bibliothèque de Nodier. 6.020 fr.
1.753. Les Amours de Psiché et de Cupidon. Paris, Claude Barbin, 1669. In-8, mar. rouge, fil., dos orné, tr. dor. (Du Seuil). Edition originale, aux armes d’Hoym. 3.500 fr. à Morgand.
1.762. Le Temple de Gnide, par Montesquieu. Paris, Didot jeune, l’An III [1794]. Gr. in-8, fig., mar. rouge, fil., coins dorés, dos orné, doublé de mar. rouge, large dent., tr. dor. (Petit). Ex. unique imprimé sur vélin, contenant les dessins originaux d’Eisen, les deux dessins de Le Barbier, la suite du frontispice et des 9 fig. gr. par Le Mire, épreuves avant la lettre sauf la première qui est avec la lettre, la suite du frontispice et des 10 fig. peintes à la gouache. 14.000 fr. à Porquet.
1.881. Heptameron françois. Berne, nouvelle Société typographique, 1780. 3 vol. in-8, mar. rouge, large dent., dos ornés, doublés de tabis, tr. dor. (Derome). 8.320 fr.
1.912. Histoires ou Contes du temps passé [par Charles Perrault]. Paris, Claude Barbin, 1697. In-12, mar. rouge jans., doublé de mar. rouge, tr. dor. (Trautz-Bauzonnet). 5.000 fr.     


1.929. Le Décameron de Jean Boccace.Londres, 1757-1761. 5 vol. in-8, mar. rouge, larges dent., dos ornés, doubles de tabis, tr. dor. (Derome). 5 frontispices, 1 portrait, 110 figures et 97 culs-de-lampe. Armoiries sur les plats. 6.960 fr.
2.124. Les Œuvres diverses du sieur de Balzac. Paris, P. Rocolet, 1644. In-4, portr., réglé, mar. rouge, mosaïque de mar. vert, dent., compart. et arabesques, dorure à petits fers et au pointillé couvrant le dos et les plats, tr. dor. Aux armes et aux chiffres couronnés d’Anne d’Autriche, reine de France. 6.000 fr.
   
Salle n° 2 pendant la vente (par E. Grenier)

La troisième vente, Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le comte de Lignerolles (Paris, Charles Porquet, 1894, in-8, XI-[1 bl.]-277-[1 bl.] p., 1.126 lots numérotés de 2.161 à 3.286), eut lieu du 16 au 26 avril 1894, fut réservée à l’Histoire et à la Géographie. Des reliures aux armes de Charles IX, de Henri III, de Henri IV, de Marie de Médicis, de Louis XII et Anne d’Autriche, etc. Des exemplaires provenant des bibliothèques du comte d’Hoym, de Longepierre, de Jacques-Auguste de Thou, etc. Des reliures de Boyet, de Padeloup, de Derome, etc. Surtout, des exemplaires souvent uniques d’écrits imprimés sur François Ier et les événements de son règne. Le n° 3.217 (La Devise des armes des chevaliers de la Table ronde. Paris, s. d. [v. 1530]), dans une reliure en maroquin de Bauzonnet a disparu.

2.161. Cosmographiae introductio. S. l. [Saint-Dié], s. n. [Gautier Lud], 1507. In-4, mar. rouge jans., dent. int., tr. dor. 1.600 fr. au prince Bonaparte.
2.219. Mundus novus. S. l. n. d. [v. 1502]. In-4 goth., mar. rouge jans., dent. int., tr. dor. Relation du voyage execute par Vespuce en 1501. 3.000 fr. à Techener.
2.277. Discours sur l’histoire universelle [par Bossuet]. Paris, S. Mabre-Cramoisy, 1691. In-12, réglé, mar. rouge, fil., dos fleurdelisé, doublé de mar. rouge, dent. tr. dor. Aux armes de la duchesse de Bourgogne. 4.600 fr. à Morgand.
2.440. L’Histoire de Thucydide athénien. Paris, Michel de Vascosan, 1559. In-fol., mar. brun, fil., coins de feuillages, semis de fleurs de lis couvrant le dos et les plats, fers à froid. Aux armes et au chiffre de Henri III, roi de France. 2.000 fr. à Porquet.
2.490. Les Chroniques de France. Paris, Pasquier Bonhomme, 1476. 3 vol. in-fol. goth., mar. rouge jans., dent. int., tr. dor. Première edition et premier livre français connu imprimé à Paris avec date. 2.450 fr. à Porquet.
2.579. Journal de Henri III. La Haye, et se trouve à Paris chez la veuve de Pierre Gandouin, 1744, 5 vol. – Journal du règne de Henri IV. La Haye, frères Vaillant, 1741, 4 vol. Ensemble 9 vol. pet. in-8, portr., mar. rouge, fil., tr. dor. Rel. dite « à l’oiseau » par Derome. 5.500 fr. à Morgand.



2.655. Lentrée de la royne en sa ville & cité de Paris. Paris, 1531. Pet. in-4, mar. rouge jans., doublé de mar. bleu, fil., larges dent., tr. dor. (Cuzin). Marque de Tory. 3.000 fr.

Aux trois catalogues in-8, il faut joindre le Catalogue de la bibliothèque de feu M. le comte de Lignerolles. Table alphabétique générale et liste des prix d’adjudication (Paris, 1895, in-8, 123 p.) et un Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le comte de Lignerolles. Album (Paris, Charles Porquet, 1894, in-fol., 168 pl.).




Les planches de l’album, dont la première est un portrait de Lignerolles, ne sont pas numérotées mais portent un renvoi aux articles du catalogue.

Une quatrième vente de doubles eut lieu du 4 au 16 mars 1895 : Catalogue des livres rares et précieux manuscrits et imprimés composant la bibliothèque de feu M. le comte de Lignerolles (Paris, Charles Porquet, 1895, in-8, VIII-272 p., 2.010 lots).

Les quatre ventes ont produit  1.121.282 francs. Le comte avait refusé une offre de deux millions de francs pour la bibliothèque en bloc. Le total se monte à 1.136.407 francs si on y ajoute le produit de la vente d’une collection faite à Drouot les mardi 16 et mercredi 17 janvier 1894 : Catalogue d’estampes anciennes Portraits des xvie xviie et xviiie siècles provenant de la bibliothèque de feu M. le comte de Lignerolles (Paris, Ch. Porquet et Jules Bouillon, 1894, in-8, [3]-[1 bl.]-42 p., 388 lots).